Ordonnance transport urbain par câbles
Il restait un obstacle au développement du transport urbain par câbles (téléphérique) : une loi sur le survol datant de 1941.
En 2013, j'écrivais, dans un billet consacré au projet de Bordeaux :
"Aux dernières nouvelles, c'était retour à la case départ, les élus de la métropole veulent un pont fixe et un tunel, "le téléphérique à Nantes c'est pas pour demain" (Presse O et nantesmaville le 29 01 2013), "car la loi française (1941) interdit le survol des propriétés privées". Ah, quand le changement et l'innovation sont bloqués à Nantes par une vieille loi de 1941 ! On va voir comment les autres villes vont faire pour surmonter ce problème."
Voilà qui est chose faite avec cette ordonnance "relative à l'instauration de servitudes d'utilité publique pour le transport par câbles en milieu urbain" publiée au Journal officiel le 20 11 2015.
Les signatures sont impressionnantes. Le PR (Président de la République), le PM (Premier ministre) et Mme. Ségolène Royal, ministre de l'écologie. Je crois que j'aurais préféré voir celle de JMA, Jean-Marc Ayrault Premier ministre, mais c'est toujours bon à prendre, sept ans après le lancement de l'idée d'un téléphérique pour franchir la Loire à Nantes.
"Téléphérique - Les projets de téléphériques urbains seront désormais plus simples à mettre en œuvre. Une ordonnance relative à l’instauration de servitudes d’utilité publique pour le transport par câbles en milieu urbain a été présenté par Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, en conseil des ministres le 18 novembre dernier."
"Prise en application de la loi relative à la transition énergétique, cette ordonnance publiée le 20 novembre facilitera la réalisation des projets actuels de transport public par câbles en vue à Toulouse, Créteil, mais aussi Grenoble et Orléans. Leur construction bénéficiera en outre de l’expérience acquise à l’occasion du premier projet urbain de ce type qui doit ouvrir l'été prochain à Brest." http://http://www.environnement-magazine.fr/presse/environnement/actualites/6169/transports-alternatifs/une-ordonnance-facilite-le-developpement-des-telepheriques-urbains
"Téléphériques urbains : le gouvernement comble un vide juridique"
"C’est une des nombreuses suites juridiques de la loi de transition énergétique : une ordonnance vient d’être publiée par le gouvernement afin d’instaurer une nouvelle servitude d’utilité publique pour « le transport urbain par câble ». Cette mesure était prévue par l’article 52 de la loi de transition énergétique.
Le transport urbain par câble (téléphérique urbain) connaît actuellement un renouveau : certaines collectivités envisagent d’aménager de telles installations pour le transport collectif, par exemple pour passer, à moindres frais, des obstacles naturels importants tels que fleuves, lignes ferroviaires ou forts dénivelés, ou encore pour désenclaver certains quartiers. La pionnière, en France, devrait être la métropole de Brest, qui va mettre en service mi-2016 un téléphérique permettant de relier les deux rives de la ville, au-dessus du fleuve Penfeld. D’autres projets sont à l’étude à Toulouse, Créteil ou Grenoble, qui envisage même la construction d’un véritable « métrocâble ». À Paris, un projet existe également pour relier les gares de Lyon et d’Austerlitz au-dessus de la Seine.
Les intérêts de cette technique sont multiples : il s’agit d’un mode de transport silencieux et propre, dont l’emprise au sol est quasi-nulle – à part les pylônes –, donc parfaitement adaptée aux zones urbaines denses. Autre avantage : le téléphérique permet de s’affranchir de l’obligation de construire, pour franchir des obstacles, des ouvrages d’art, tunnels ou ponts, extrêmement coûteux. Évidemment, dernier argument et non le moindre, ce moyen de transport est réputé être nettement moins cher que le tramway et surtout que le métro : si peu de chiffres existent actuellement, on peut avoir un ordre d’idées avec le projet du Val-de-Marne entre Créteil et Villeneuve-Saint-Georges. Il est estimé à 72 millions d’euros pour 4,5 km, soit 16 millions d’euros par kilomètre. À comparer aux 22 à 30 millions/km pour un tramway sur rail, et 90 à 120 millions/km pour un métro (chiffres 2012 du Certu).
http://http://www.maire-info.com/article.asp?param=18984&PARAM2=PLUS&nl=1
Un projet de téléphérique à Fribourg (03 11 2015)
"Relier la gare de Fribourg à l'autoroute en moins de 8 minutes avec un métrocâble, un postulat en ce sens a été déposé lundi au Conseil général de la ville. Le coût du projet est estimé à 25 millions de francs.
Auteur du postulat, le député PLR Raphaël Casazza entend ainsi désengorger l’axe entre la sortie d’autoroute A12 et la gare de Fribourg.
La télécabine partirait de la gare et survolerait l’avenue de Beauregard avant de monter vers l’Hôpital cantonal, où serait installé un arrêt intermédiaire. Puis elle continuerait jusqu’à la sortie d’autoroute, où un parking relais devrait être construit.
Les Transports publics fribourgeois se disent prêts à conduire des études techniques si le canton leur en confie le mandat. Le projet devrait être transmis au Conseil communal à la fin de ce mois et un délai a été fixé à 2021 pour la réalisation du projet." http://http://www.rts.ch/info/regions/fribourg/7224118-un-projet-de-telepherique-entre-la-gare-et-l-autoroute-a-fribourg.html
A Nantes, cela n'aura pas vraiment de conséquences, les autorités ayant fait des choix différents :
Post du 26 10 2015 relevé tel quel sur le mur Facebook de "Nantes la Loire et nous" :
"Dans ses préconisation sur le thème La Loire, la mobilité et les franchissements, la commission pense que "seules 3 solutions présentent un intérêt : le pont à transbordeur, l’élargissement du pont Anne de Bretagne et le tunnel reliant la pointe ouest de l’Île de Nantes au pont de Cheviré". http://http://www.nanteslaloireetnous.fr/le-journal-du-debat/les-preconisations-de-la-commission-sur-le-theme-la-loire-la-mobilite-et-les-franchissements
Se souvenir des questions officielles lors du débat sur la Loire en 2015 sur affiches jaunes placardées partout dans l'espace public nantais qui n'évoquaient que le "pont transbordeur pour franchir la Loire ?" ou d'autres questions de fond comme "des guinguettes ?" ou '"Demain du ski nautique sur la Loire ? Vous aussi donnez votre avis ".
"Une fois, voilà longtemps, le général Faim rencontra le général Hiver"
Voici un extrait de "LA FAIM" de Helen DUNMORE (2003), titre original : THE SIEGE (2001).
Le combat d'une jeune femme russe pour sa survie et celle de sa famille dont un jeune frère de cinq ans pendant le t
"Anna dort. Dans son rêve son père lui lit une histoire. Il a le livre ouvert ouvert sur son genou mais il ne lit pas vraiment, parce qu'il connaît l'histoire par coeur. C'est une histoire effrayante mais Anna ne veut pas qu'il arrête. Il s'agit d'une guerre arrivée il y a longtemps, dit son père, quand les Français ont envahi la Russie.
"Il y a combien de temps ?
- Oh, plus de cent ans, Anna. Tu l'apprendras en histoire un jour."
"Une fois, voilà longtemps, le général Faim rencontra le général Hiver. Le général Hiver, comme il se doit, était vêtu de neige. Ses doigts étaient des poignards de glace, et là où ses bottes frappaient la terre elles laissaient des empreintes noircies dans l'herbe. Quand il se penchait pour sentir une rose, son souffle la desséchait. Mais il aimait les roses, et les champs de blé ondulants, et les enfants nus, bronzés. Il les aimait tous parce qu'il avait pouvoir sur eux tous.
Le général Hiver, dans sa capote de neige, salua le général Faim comme tous les grands généraux se saluent, une fois qu'un assez grand nombre de leurs soldats sont morts et qu'ils peuvent ouvrir leurs négociations.
Le général Faim, de son côté, n'était pas comme on pourrait le penser. Il avait les joues roses, les cheveux plantés dru, des yeux brillants. Il était dans son élément. Les deux généraux s'assirent dans leurs fauteuils, plantèrent leurs hautes bottes cirées devant eux et se penchèrent l'un vers l'autre. Ils commencèrent à se vanter de ce qu'ils feraient à leurs ennemis.
"Voici ce dont je suis capable, dit le général Faim. Je peux m'arranger pour que leur peau s'écaille et craque au coin de leur bouche. Je fais apparaître des plaies sur leurs lèvres. Ils plissent les yeux pour accomoder, mais ils ne me voient jamais. Ils ne comprennent pas que c'est moi qui leur ai donné une mauvaise vue.
"D'habitude, je les réduis à des squelettes, mais à certains je joue un tour : je remplis leur corps d'un liquide qui les cloue au lit. Ce que je préfère, c'est un grand garçon, fort et bien musclé, de dix-huit ans, qui brûle la nourriture comme un fourneau. Vous devriez revenir le voir quand je lui ai tenu compagnie quelques semaines. Entre mes mains, il fond plus vite qu'une chandelle. Ses muscles dépérissent. Ses gros os ressortent. Je peux le transformer en vieillard, je peux rendre ses yeux faibles et larmoyants, je peux ébranler ses dents dans ses gencives jusqu'à ce qu'une croûte de pain les arrache. Personne ne se consume plus vite qu'un beau jeune homme en bonne santé.
"Je change les vieillards en enfants gémissants de faim, et je change les enfants de cinq ans en vieillards. Peu m'importe qu'ils soient jeunes ou vieux, laids ou beaux, je les rends tous pareils. J'ai vu une jolie jeune femme de vingt-cinq ans reculer devant son reflet dans le miroir après avoir vécu un mois ou deux avec moi.
"Si je ne peux pas les achever moi-même, je les prépare pour mes amis. Un petit rhume qui ne les garderait pas au lit une demi-journée devient vite fatal quand il les atteint après mon passage.
"Je leur dérobe leurs pensées. Je les prive de leurs sentiments. Je pénètre dans leur sang. Je suis plus proche d'eux qu'eux-mêmes ne le sont. Ils ne peuvent songer à personne d'autre.
"Mon cher cousin, vous devriez vous avouer vaincu.
- Très bien, dit le général Hiver en se grattant l'oreille d'un doigt de glace, mais maintenant écoutez de quoi je suis capable. Je cache la terre de sorte qu'ils ne peuvent voir une seule pousse de vert. Je fais redescendre la sève des arbres dans les racines. Ceux qui sont sans abri, je les traque. Je recouvre les routes de neige, je coupe les retraites, je bloque tout mouvement. Je veille à ce que rien ne pousse et rien ne prospère.
"S'ils laissent une main ou un pied découverts, je m'en empare. Je rends leur peau rouge et violette puis je la noircis. Je fais pourrir leur chair comme celle des navets quand le gel resserre son étau. Je les poursuis de vents, je les aveugle de blizzards. Je gèle les mers pour qu'ils ne puissent pas voyager, je souffle par les fentes de leurs fenêtres. Je les rends maladroits, pitoyables, inquiets. Je coupe leur approvisionnement en eau, je les prive de lumière. Je les fais patauger jusqu'à la taille dans la neige pour trouver une poignée de bois à brûler. Quand ils sont malades et sans défense, je me glisse dans leurs lits et je les berce jusqu'au sommeil éternel. J'envoie des tempêtes de vent et de glace. Je les noie dans la boue. Mon plus grand pouvoir, c'est que chaque année ils oublient ma force. L'été, quand ils se couchent sous les arbres baignés de lumière, ils ne croient pas en moi. Ils échafaudent leurs projets et ils me laissent en dehors. Mais j'ai déjà les miens, et les miens sont toujours les mêmes.
"Alors mon cousin, que serait la faim sans l'hiver ? Sans moi, ils pourraient manger les pousses vertes, pêcher des poissons dans les rivières. Sans moi, le soleil leur tiendrait chaud."
Le général Faim fronça les sourcils et croisa les bras. Son visage était assombri par la réflexion.
"Il y a une chose que nous n'avons pas mentionnée, ni vous ni moi", dit-il. Il jeta un coup d'oeil autour de lui mais personne n'écoutait. Les deux généraux se rapprochèrent, leurs têtes se touchaient presque.
"Sans l'aide qu'ils nous donnent, nous ne pourrions rien faire, chuchota un général à l'autre.
- Oui, c'est vrai, sans eux..."
Les deux généraux pensaient aux armées rassemblées pour effectuer leur travail à leur place. Le général Faim sourit et se claqua les cuisses de ses paumes charnues.
"Unissons nos forces ! dit-il. Ce qui échappera à l'un, l'autre pourra s'en occuper. Ensemble, nous serons invincibles."
Et les deux généraux cessèrent de batailler. Les négociations étaient closes. Depuis ce temps, ils ont toujours travaillé ensemble."
LA FAIM de Helen DUNMORE (2003). Titre original : THE SIEGE (2001)
"Brouillon" de novembre 2015 publié le 6 Mai 2020