Notre Dame des Landes va-t-elle devenir Notre-Dame des atterrissages ?
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Par Marie-Hélène Aubert, Député Européenne
Mardi 29 Janvier 2008
Rien à faire. Malgré le pétrole de plus en plus rare et cher, l'indispensable lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, la nécessité de préserver la biodiversité et les terres agricoles, les finances publiques à sec, les élus et les administrations de Loire-Atlantique rêvent encore du grand aéroport de Notre-Dame des Landes, censé lui aussi "libérer la croissance" sans doute. C'est à désespérer !
Samedi, le Préfet Hagelsteen avait ainsi convié les parlementaires du département à une réunion d'échanges et d'information (sic), demandée par le gouvernement, sur l'état du projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes. Ayant eu vent de cette réunion, j'ai demandé à y participer en tant que parlementaire européenne de la région. Accordé, pas avec enthousiasme, mais accordé quand même.
Me voilà à la table de réunion et soudain, je me revois dix ans auparavant au moment où je me battais avec le collectif associatif local contre le projet de 3ème aéroport de Paris... à Beauvilliers, en pleine Beauce ! Aujourd'hui, je crois plus que jamais que ces terres agricoles si riches méritaient d'être préservées, comme le silence si rare de ces grands espaces et la tranquillité de leurs habitants. Quand le TGV Angers-Paris traverse la région de Bonneval et Voves, je regarde tourner les éoliennes avec un sourire de satisfaction. Nous ne étions pas démenés en vain.
Fresque humaine réalisée par la Coordination des Associations opposées au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes; Copyright: Acipa, Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d'Aéroport.
Hélas, aujourd'hui les landes ont remplacé la plaine, et c'est toujours la même chanson. Cet aéroport est incontournable, on ne va pas refaire le débat, tout est prêt, ce sera formidable pour l'économie de la région, bla bla bla... Seul argument nouveau, d'une mauvaise foi absolue : il faut déplacer l'aéroport de Nantes-Atlantique pour ne plus survoler la zone Natura 2000 et le lac de Grandlieu, et pour la sécurité des quartiers survolés à basse altitude. Ben voyons...
Le Grenelle de l'environnement est passé par là, et les élus font profil bas pour paraître éco-compatibles. L'heure de vérité arrive donc. Le bon sens et le respect des engagements du Grenelle voudraient que ce projet d'aéroport ne fasse pas l'objet d'une déclaration d'utilité publique, et que l'Etat négocie avec les collectivités territoriales le transfert des fonds prévus vers d'autres priorités, plus en phase avec les défis sociaux, écologiques et économiques, de notre époque et de nos régions.
Jean-Louis Borloo, numéro 2 du gouvernement (mais le numéro 1 est tellement pâlot qu'on se demande ce que le numéro 2 signifie...) chargé de l'écologie, du développement durable, de l'énergie et des transports, tu es au pied du mur. Ecologiste, vraiment ?
Par Marie-Hélène Aubert, Député Européenne
Mardi 29 Janvier 2008