Nicolas Hulot : il faut réétudier le projet du nouvel aéroport de Nantes
Dernière minute Nantes
« Le 3e aéroport de l’Ouest, c’est un cas d’école intéressant. Dans mon film, "Le syndrome du Titanic", je dis que le progrès ça vaut par des acquiescements et des renoncements. On fait plein de choses par inertie culturelle, Il y dix ans, le pic pétrolier nous semblait loin. On était en phase de croissance. Au sommet de Kyoto, on n’était pas encore bien d’accord, mais, aujourd’hui, on est obligé de faire des choix en fonction d’un certain nombre de contraintes. Celle que nous impose la planète en terme de ressources : la fin du pétrole, c’est pour bientôt et il n’y a pas de plan B. Et puis il y a les contraintes sociales : ce nouvel aéroport ne va pas dans le sens de l’histoire et dans le sens du Grenelle de l’environnement.
D’autre part, je mets en garde sur la question des réserves foncières. La France n’est pas à l’abri d’une crise alimentaire. Dans ce dossier et de manière générale, je n’ai pas de vision dogmatique des choses. Je prends l’avion trois ou quatre fois par an pour mes tournages, mais j’estime concernant le dossier de l'aéroport qu’il ne serait pas indigne de prendre en compte tous ces nouveaux éléments. »
À Nantes, Nicolas Hulot est venu présenter en avant-première son film Le Syndrome du Titanic, hier soir.
De passage à Nantes, hier, l'homme de télévision estime que le projet de Notre-Dame-des-Landes mérite d'être reconsidéré. Pourquoi pas par un référendum ? Trois questions à... Nicolas Hulot. Producteur de l'émission télévisée Ushuaïa, auteur engagé dans l'écologie et co-réalisateur du film Le Syndrome du Titanic, présenté en avant-première, hier soir, à Nantes.
Votre film dénonce les méfaits d'une croissance illimitée.
Que pensez-vous du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?
Ce projet d'aéroport est un cas d'école. Il ne va pas dans le sens de l'histoire, ni dans celui du Grenelle de l'environnement. On ne peut continuer dans cette voie par inertie culturelle. Nous serons obligés de faire des choix en fonction de deux contraintes : la fin du pétrole et la division par quatre de nos rejets de gaz à effet de serre. On ferait bien, aussi, de préserver les terres agricoles car l'autonomie alimentaire n'est pas gagnée chez nous.
En ce qui concerne ce projet, il faut que s'exerce un processus démocratique. Il mériterait qu'on s'interroge à nouveau et à la lumière des contraintes d'aujourd'hui, sur son utilité. À l'échelle de la région et, pourquoi pas, par le biais d'un référendum. Je ne vois aucune urgence à brûler les étapes. Il faut aussi se poser la question de savoir avec quoi les avions voleront dans vingt ans.
Le Syndrome du Titanic montre les dérives de la société marchande, mais vous êtes vous-même dans ce système ?
Contrairement à ce qu'on laisse entendre, je ne fais pas d'affaires, d'autres en font. Je suis salarié de TF1 et 99 % de mon temps est consacré à l'écologie. Moi, je n'ai pas une vision binaire des choses, je fais partie de ceux qui essaient de faire bouger le système de l'intérieur. Je crois à la pratique du cheval de Troie, je me sens libre. Je pense que le progrès n'apporte pas que de mauvaises choses mais qu'il a trop bien réussi.
Ce film sort après ceux d'Al Gore et de Yann Arthus-Bertrand. En quoi son message est-il nouveau ?
Il a été pensé indépendamment des deux autres mais il est complémentaire. Nous avons commencé à y travailler voilà cinq ans. Là où mon film se distingue, c'est qu'il traite de la dimension sociale et culturelle de l'immense mégapole marchande qu'est devenue la planète.
Recueilli par Jocelyne RAT.
19:26 - lundi 21 septembre 2009
« Le 3e aéroport de l’Ouest, c’est un cas d’école intéressant. Dans mon film, "Le syndrome du Titanic", je dis que le progrès ça vaut par des acquiescements et des renoncements. On fait plein de choses par inertie culturelle, Il y dix ans, le pic pétrolier nous semblait loin. On était en phase de croissance. Au sommet de Kyoto, on n’était pas encore bien d’accord, mais, aujourd’hui, on est obligé de faire des choix en fonction d’un certain nombre de contraintes. Celle que nous impose la planète en terme de ressources : la fin du pétrole, c’est pour bientôt et il n’y a pas de plan B. Et puis il y a les contraintes sociales : ce nouvel aéroport ne va pas dans le sens de l’histoire et dans le sens du Grenelle de l’environnement.
D’autre part, je mets en garde sur la question des réserves foncières. La France n’est pas à l’abri d’une crise alimentaire. Dans ce dossier et de manière générale, je n’ai pas de vision dogmatique des choses. Je prends l’avion trois ou quatre fois par an pour mes tournages, mais j’estime concernant le dossier de l'aéroport qu’il ne serait pas indigne de prendre en compte tous ces nouveaux éléments. »
Pays de la Loire
À Nantes, Nicolas Hulot est venu présenter en avant-première son film Le Syndrome du Titanic, hier soir.
Votre film dénonce les méfaits d'une croissance illimitée.
Que pensez-vous du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?
Ce projet d'aéroport est un cas d'école. Il ne va pas dans le sens de l'histoire, ni dans celui du Grenelle de l'environnement. On ne peut continuer dans cette voie par inertie culturelle. Nous serons obligés de faire des choix en fonction de deux contraintes : la fin du pétrole et la division par quatre de nos rejets de gaz à effet de serre. On ferait bien, aussi, de préserver les terres agricoles car l'autonomie alimentaire n'est pas gagnée chez nous.
En ce qui concerne ce projet, il faut que s'exerce un processus démocratique. Il mériterait qu'on s'interroge à nouveau et à la lumière des contraintes d'aujourd'hui, sur son utilité. À l'échelle de la région et, pourquoi pas, par le biais d'un référendum. Je ne vois aucune urgence à brûler les étapes. Il faut aussi se poser la question de savoir avec quoi les avions voleront dans vingt ans.
Le Syndrome du Titanic montre les dérives de la société marchande, mais vous êtes vous-même dans ce système ?
Contrairement à ce qu'on laisse entendre, je ne fais pas d'affaires, d'autres en font. Je suis salarié de TF1 et 99 % de mon temps est consacré à l'écologie. Moi, je n'ai pas une vision binaire des choses, je fais partie de ceux qui essaient de faire bouger le système de l'intérieur. Je crois à la pratique du cheval de Troie, je me sens libre. Je pense que le progrès n'apporte pas que de mauvaises choses mais qu'il a trop bien réussi.
Ce film sort après ceux d'Al Gore et de Yann Arthus-Bertrand. En quoi son message est-il nouveau ?
Il a été pensé indépendamment des deux autres mais il est complémentaire. Nous avons commencé à y travailler voilà cinq ans. Là où mon film se distingue, c'est qu'il traite de la dimension sociale et culturelle de l'immense mégapole marchande qu'est devenue la planète.
Recueilli par Jocelyne RAT.
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