Redon : escale Tracto Vélo
Des cyclistes, des tracteurs... La manifestation itinérante contre l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes a fait étape, hier. Pour dénoncer un projet qui divise le Pays de Redon. La plupart des élus continue de le soutenir.
17 h, zone des Bauches. La quarantaine de cyclistes en termine avec sa première étape. Ils sont partis, le matin même, de Notre-Dame-des-Landes. Un car et des tracteurs complètent le cortège.
La tracto-vélo, qui doit rallier Nantes d'ici samedi après plusieurs étapes en Bretagne et Pays de la Loire est lancée. Sur le Pays de Redon, l'initiative rencontre un bon écho. Depuis plus d'un an, un comité de vigilance local s'est monté contre le projet.
« Cela n'a pas de sens »
« Cet aéroport, c'est un processus de mort pour Redon », lance Jakez Lesouef dans le mégaphone. L'ancien commerçant fait partie des principaux relais locaux contre le projet. Comme Christophe Mounier : « Ce projet n'a pas de sens. Cela entraînera une urbanisation galopante entre Nantes et Rennes. »
Pour accueillir la tracto-vélo, deux élus locaux ont fait le déplacement. Yvon Mahé est maire de Fégréac et conseiller général de Loire-Atlantique. Il a longtemps été pour ce projet. Aujourd'hui ? « Même si je ne partage pas tous les arguments des anti-aéroports, je trouve plus de points négatifs que de points positifs à ce dossier. »
« Une chance pour le Pays de Redon »
À ses côtés, Jean-Louis Fougère. Pour le président de la communauté de communes, « cet aéroport peut être une chance pour le Pays de Redon, notamment pour notre développement économique ». Il essuie une bordée de sifflets.
Sa position est partagée par de nombreux élus du secteur. Jean-René Marsac, député, Vincent Bourguet, maire de Redon, Dominique Julaud, président du Pays de Redon, Jean-François Guérin, conseiller général...
Ils parlent d'opportunité économique. « L'aéroport va renforcer la place de Redon. Il n'est pas réaliste d'imaginer une desserte ferroviaire qui ignorerait notre gare », estime Vincent Bourguet.
Jean-François Guérin n'oublie pas non plus l'aspect sécurité : « On ne crée pas un nouvel aéroport, on le déplace pour sortir Nantes-Sud des nuisances. »
Quant à Dominique Julaud, qui n'a pas donné suite à plusieurs courriers des opposants qui demandaient l'organisation d'un débat local, il lâche : « On peut être ému par la propagande à charge sur le projet mais je ne partage pas cette vision de décroissance. »
« Un choix de société »
Décroissance ? Michel Tarin, co-organisteur de la tracto-vélo, réfute le terme. « Nous sommes pour une croissance choisie. » Il se mobilise contre ce projet depuis... 1967. « Ce n'est plus une lutte de riverains mais un combat emblématique sur un choix de société. »
Dans la salle des fêtes de Bellevue, à quelques minutes de la réunion publique, il avoue croire dur comme fer dans l'abandon du projet. Même si la déclaration d'utilité publique est tombée l'année dernière : « D'abord, il y a les raisons financières. Nous ne croyons pas au développement du transport aérien régional. Ensuite, les gens se rendent bien compte que ce projet se base sur une logique dépassée. »
La sécurité ? « Mais il suffit de réorienter la piste actuelle. Avec des aménagements, l'aéroport actuel peut très bien s'adapter. » Et d'égrener les soutiens qui s'accumulent depuis plusieurs mois : 550 élus du Grand Ouest qui ont signé une pétition, des syndicats CGT-FO d'Airbus, des pilotes de lignes...
Il espère en recueillir d'autres tout au long du parcours de la tracto-vélo qui s'achèvera le samedi 6 mars, à 14 h 30, sur la place du Commerce, à Nantes. À quelques jours des Régionales, ça peut servir.