Traitement des "névroses urbaines " par Transports Hors du Commun
Depuis fin novembre, Laurent Petit se propose de traiter les « névroses urbaines » de la ville, à la demande de la Scène nationale 61. Résultat de ce projet artistique insolite le 16 mars.
Laurent Petit, ancien ingénieur devenu « psychanalyste urbain ». Cet artiste farfelu a couché les habitants sur un divan et leur a demandé si Flers était un animal, quel serait-il ? Un fruit ? Si Flers avait un défaut ? Une qualité ? etc.
Pourquoi parlez-vous de psychanalyse ?
J'ai lu beaucoup de choses sur le sujet. Ma famille se faisait régulièrement psychanalyser, on en parlait. Alors j'ai pris les outils de la psychanalyse : l'étude du passé familial, les traumatismes... Et j'en ai fait une métaphore poétique.
Comment procédez-vous ?
La première phase, c'est de faire parler la ville, avec « l'opération divan », qui a duré une journée à Flers. La deuxième, c'est de rencontrer des experts de la ville, qui la connaissent bien (par exemple aux archives). Ce sera au mois de janvier.
Qu'allez-vous faire de ces résultats ?
On mouline ces infos, on les laisse macérer. En mars, on aura une conférence de restitution à la population. On présente la famille, son arbre généalogique, ses traumatismes (à Flers, ils sont liés à la crise économique). Et puis on propose un traitement urbain pour soigner les névroses de la ville.
Par exemple ?
À Tours, où l'on a constaté une tension avec la ville voisine de Saint-Pierre-des-Corps, on a organisé une cérémonie de réconciliation. Souvent, les villes manquent de vie, il faut les refertiliser avec des ZOB, zones d'occupation bucolique. Par exemple les jardins chômeurs, la deuxième génération des jardins ouvriers. On propose aussi de nouveaux modes de transports : les THC (transports hors du commun), souvent des téléphériques géants. À Dunkerque, on livrera fin juin un prototype de monument aux morts en l'honneur des entreprises disparues, afin que les habitants puissent en faire le deuil.
Ce sont des idées ou des projets qui voient le jour ?
À chaque ville de s'approprier le projet ! Dans certaines villes, on est ressortis couverts de goudrons et de plumes à cause d'enquêtes complètement ratées. On ne maîtrisait pas la méthode.
Justement, votre méthode interroge-t-elle un millier de personnes d'un échantillon représentatif, comme les sondages ?
Non, c'est une poésie scientifique, pas une poésie statistique. C'est une méthode suggestive, une science de l'intuition.
Est-ce un projet fantaisiste ?
Pas à 100 %...
À quel pourcentage ?
C'est aux gens de juger. C'est un fil tendu entre la fantaisie et le sérieux. Ce n'est pas contrôlé.