Transports en commun : la gratuité passe par la globalisation des coûts
J’avais, dans ce blog, en décembre 2008, lancé “la gratuité des transports en commun à Marseille, pourquoi pas ?”(cliquer ici). Je ne pensais pas que le débat irait aussi vite. Si l’on en croit le journal La Provence, qui lui a consacré un dossier hier, le problème est le financement. Et ça coûterait trop cher… 130 M€ par an, alors que j’avais moi-même chiffré 70 M€. Une étude plus fine s’impose et je ne suis pas sûr que de faire monter la facture ne soit pas un argument pour repousser une idée qui mérite étude. Karim Zéribi, le président de la RTM est sceptique, et “doute de l’efficacité d’une telle mesure”.
Je pense que tout ceci relève d’une conception étriquée des transports en communs urbains. Le coût n’est pas simplement intégré dans le budget de la RTM, dans l’équilibre des comptes. Dans l’absolu, la gratuité pourrait être obtenue en doublant la subvention d’équilibre.
Mais, si l’on regarde globalement, le coût social et économique actuel du faible développement des transports en commun est énorme… On peut chiffrer à Marseille à 500 M€/an le coût des nuisances dues à la carence en matière de déplacements (voir ici). C’est d’une vision économique et sociale globale des problèmes et des coûts dont nous avons besoin. Augmenter la fréquentation des transports en commun, investir dans les déplacements, c’est faire des économies. Ces millions d’heures perdues dans les embouteillages, cette pollution permanente, les freins au développement économique, les accidents et les problèmes de santé publique, ont un coût bien supérieur à celui des infrastructures manquantes. Le coût de la gratuité est marginal par rapport à ces nuisances.
Ces coûts globaux, pourtant supportés par la société, ne sont jamais pris en compte… Alors, changeons un peu notre approche et arrêtons dans cette ville de saucissonner les problèmes. Les transports en communs ne sont pas une activité en soi, c’est un outil dont le coût doit être mesuré au regard des services qu’il rend à la métropole et aux économies globales qu’il peut induire. La RTM n’est pas une entreprise sur une île déserte. Globaliser les problèmes et les coûts permettrait d’impliquer dans le financement d’autres partenaires dont l’activité est pénalisée par le trop faible développement des transports en commun. Alors nous trouverons les solutions financières pour la gratuité !