Le collectif des élus qui doutent de la pertinence de NDDL répond à la tribune de JM Ayrault
Créer un nouvel aéroport à Nantes/Notre Dame des Landes : un projet qui massacrerait inutilement 2000 hectares de paysages bocagers
Demande de droit de réponse à la tribune de JM Ayrault et Cie du 15 février 2011
Face aux certitudes affichées par les signataires d’une tribune intitulée « Déménager l’aéroport de Nantes : un choix de raison », publiée dans Le Monde du 15 février 2011, nous, membres du Cedpa, qui réunit en collectif depuis 2009 près de 1000 élus, affirmons nos nombreux et sérieux doutes sur la pertinence de la construction d’un nouvel aéroport à Nantes. Pour autant, nous ne sommes pas opposés au transport aérien et nous estimons qu'il est légitime qu’une agglomération comme Nantes puisse bénéficier d’un aéroport de taille internationale, qui soit évolutive dans le temps. Le seul hic c'est que cet équipement existe déjà.
Sur l’aménagement du territoire : quelle est la logique de pousser l’urbanisation au nord de Nantes sur 2000 ha de bocage préservé, dans un département déjà champion de l’artificialisation des terres ? Quelle est la logique de créer un nouvel aéroport et des voies ferrées nouvelles alors que l’aéroport actuel est loin d’être saturé, suffit amplement pour d’éventuelles extensions et dispose d’une accessibilité exceptionnelle avec la présence de liaisons ferrées à moindre coût ?
Sur l’emploi : quelle est la logique de faire disparaitre une cinquantaine d’exploitations agricoles péri-urbaines mettant en jeu 600 à 700 emplois directs et indirects ? Quelle est la logique de transférer les emplois de l’aéroport actuel, du sud de Nantes vers le nord de la ville, accentuant ainsi le déséquilibre entre le Nord et Sud de la Loire ? Quelle est la logique de promettre 4000 emplois à l’ouverture de la nouvelle plate-forme pour 4 millions de passagers alors qu’on en compte aujourd’hui 2000, directs et induits, pour 3 millions ? Quelle est la logique de fragiliser Airbus en ne donnant aucune certitude sur le maintien de la piste actuelle, utilisée par l’entreprise ?
Sur la sécurité : quelle est la logique de faire peur quant à la sécurité des vols alors que les pilotes professionnels de Nantes affirment qu’il n’y a pas de problème de sécurité et que les documents de la Direction Générale de l’Aviation Civile classent l’aéroport actuel de Nantes en catégorie A, c'est-à-dire sans risque particulier ? Par ailleurs, il est prévu qu'un trafic privé puisse continuer à s'exercer sur la plate-forme actuelle, si la nouvelle se fait : quelle logique si il s'agit de sécurité ?
Sur l’écologie : quelle est la logique de détruire 2000 ha de terres d’une biodiversité exceptionnelle, classés en ZNIEFF, de supprimer 90 km de haies ? Quelle est la logique de confier l’exploitation de l’aéroport à un opérateur privé qui cherchera à faire progresser le trafic, sans considération pour les nuisances induites notamment par les vols de nuit, ni pour les émissions polluantes (imbrûlés, oxydes d’azotes et CO2) ? Le plus grand risque demain est-il de manquer de surface pour les avions ou de manquer de surface pour produire notre nourriture ?
Sur l’immobilisme : qui sont les partisans de l’immobilisme ? Ceux qui s’accrochent à un projet vieux de 40 ans, prévu pour faire atterrir le Concorde, qui a incarné les rêves de grandeur de plusieurs hommes politiques depuis des décennies ou bien ceux qui, comme nous, réinterrogeons les choix du passé à la lumière des enjeux majeurs de ce début de XXIe siècle ?
Sur le développement durable, maîtrisé : pourquoi avoir écarté d’emblée toutes les propositions d’optimiser l’aéroport existant ? Nouvelle procédure d’atterrissage moins bruyante et plus économique, utilisation de la voie ferrée qui arrive dans l’aéroport, connexion au tramway, réorientation de la piste existante, fonctionnement en réseau avec d'autres aéroports proches… Les propositions ne manquent pas. Quelle est la logique de donner des centaines de millions d’argent public à Vinci pour un équipement dont l’exploitation sera privée ? Dans les conventions permettant l'apport d'argent public, rien n'est dit sur la façon d'éponger les déficits s'ils surviennent, rien n'est dit sur le financement des extensions de la plate-forme, configurée au départ pour 4 millions de passagers.
Sur le développement durable, raisonné : après l’annonce d’une nouvelle ligne ferroviaire Nantes-Notre Dame des Landes-Rennes et celle d’un nouveau franchissement de la Loire, cet article prône l’intérêt d’une ligne LGV Brest-Nantes-Poitiers---Turin. Bref, à coup de milliards d’euros supplémentaires, une étoile de LGV autour de Nantes et de son aéroport ! Pendant ce temps, l'habitant des Pays de la Loire aura du mal à se rendre en train entre Saumur et Angers, entre Fontenay-le-Comte et la Roche-sur-Yon, entre Mayenne et Laval…
Le projet de Notre Dame des Landes ne met pas d’abord en jeu le réchauffement climatique ou les nuisances pour les riverains, mais plus fondamentalement l’aménagement et l’équilibre du territoire, la lutte contre l’étalement urbain, l’agriculture et l’utilisation des finances publiques. Un vrai choix de société se joue à Notre Dame des Landes.
CEDPA - Collectif des élus doutant de la pertinence du projet d’aéroport http://aeroportnddl.fr