"Les règles de notre société favorisent plus souvent la solitude que la solidarité" F Bayrou, "La France solidaire",Mars 2012
" Solidaire, dans la crise, c'est la société tout entière qui doit le devenir pour affronter les menaces et la dureté des temps.
Je suis frappé que, sans le vouloir vraiment, les règles de notre société favorisent plus souvent la solitude que la solidarité.
Pourtant, dans la crise, c'est le contraire qui devrait être vrai. Quand on s'inquiète, quand les conditions matérielles de l'existence sont plus précaires, quand le moral flanche, il est bon de partager le fardeau. Il est bon de se grouper et de s'entraider. Et les orientations des pouvoirs publics doivent encourager ces rapprochements de vie.
C'est le contraire qui a cours aujourd'hui : par exemple lorsque deux ou trois personnes se rapprochent, pensent à vivre ensemble pour partager les charges du qutidien, les mutualiser, et créer de la chaleur humaine, aussitôt les allocations qui les aident sont coupées. Cela arrive tous les jours : la femme veuve qui prend sous son toit le père de son mari décédé se voit immédiatement privée des aides qu'elle recevait, sous prétexte que le minimum des ressources est désormais dépassé. Ou la dame au RSA qui fait des heures de ménage et recueille sa mère. Pour ne rien perdre, chacun reste dans sa solitude. Si l'on y réfléchit pourtant, on se rendra compte que 700 euros, tout seul, c'est la misère, mais 1 400 euros à deux, ou 2 100 euros à trois, c'est une tout autre situation. On peut partager les obligations, le loyer, les courses, et la présence de quelq'un est sans prix. Je propose donc la création d'un contrat de vie en commun, sans aucune connotation de vie de couple, qui permettra l'entraide et le partage, sans faire immédiatement disparaître les allocations de revenus. C'est le même principe de solidarité qui doit intervenir dans le domaine du logement."
François Bayrou, "La France solidaire", 2012, pages 106-108
C'est un passage que j'avais beaucoup aimé dans son discours de clôture du Forum sur la solidarité à la Maison de la Chimie le 11 février dernier.
A lire aussi dans "Bayrou, le prophète", Le Point du Jeudi 15 mars 2012, page 44.