Réponse à la tribune des "compères" parue dans Le Monde
Tiens, un nouveau collectif est né, il cosigne - à 10 mains - une tribune pro aéroport Notre-Dame-Des-Landes dans Le Monde. Mais ce sont les compères ! Ceux des coups tordus des veilles de fêtes ou de vacances.
A les lire, Nantes ne serait pas accessible et nous ne prendrions pas "la vraie mesure des enjeux" tandis qu'eux auraient des "intuitions fondatrices" comme NDDL ou le tram train Nantes - Châteaubriant...
"Qui sont les partisans de l'immobilisme ? ceux qui s'accrochent à un projet vieux de 40 ans, prévu pour faire atterrir le Concorde, qui a incarné les rêves de grandeur de plusieurs hommes politiques depuis des décennies ou bien ceux qui, comme nous, réinterrogeons les choix du passé à la lumière des enjeux majeurs de ce début de XXIe siècle ?" (Geneviève Lebouteux pour le CEDPA Collectif de près de 1 000 élus qui doutent de la pertinence de ce projet)
Ils nous abreuvent de leurs "responsabilités" et de travail "main dans la main", en fait il s'agit de cumul de mandats dans le temps et dans l'espace, de décisions verrouillées à tous les échelons locaux ou nationaux.
Petite performance des compères : ils réussissent à écrire une tribune sans jamais parler des coûts et de l'argent public injecté dans le projet ni même oser citer VINCI qui va construire l'aéroport et les parkings attenant puisqu'à ce jour aucune desserte autre que routière n'est financée. Imaginez un aéroport éloigné de Nantes, en plein bocage, sans aucune desserte ferroviaire ni transport en commun à l'ouverture, qui plus est au milieu de communes et d'habitants qui n'en veulent pas. Le prix ne compte pas pour eux, ou plutôt si, ce sera NDDL à n'importe quel prix, au prix de n'importe quel mensonge.
Ce qu'ils ne disent pas :
C'est que nous avons déjà un aéroport international : Nantes Atlantique avec un trafic de 3 millions de passagers.
Nantes Atlantique peut être optimisé (réaménagement de parkings et aérogare, desserte ferroviaire possible sur une ligne existante, possibilité de réorientation de la piste actuelle pour éviter le survol de Nantes etc.) pour accueillir 4 millions de passagers et même 10 millions si cela devait arriver à moindres frais par rapport à la construction ex nihilo à 27 km de Nantes d'une nouvelle plateforme avec deux pistes.
Il ne s'agit pas d'être contre toute forme de transport aérien ou d'aéroport mais nous pensons qu'il est plus pertinent d'investir aussi sur le ferroviaire (TGV, LGV, AGV, TER, RER etc.) plutôt que de concentrer tous les moyens de l'Etat et des collectivités locales sur une seule infrastructure aéroportuaire. Une meilleure répartition du trafic pourrait aussi se faire entre les aéroports existant de Nantes, Rennes et Angers.
La semaine où le président Obama et son administration décident d'investir 53 milliards sur six ans dans un plan vraiment ambitieux de développement des lignes ferroviaires aux Etats Unis, en plein débat sur les gaz de schiste, ça fait un peu ringard de se fendre d'une tribune pour dire qu'on veut construire un aéroport pour "Nantes capitale verte" en 2013.
NDDL n'est pas qu'un problème de réchauffement climatique, ni de riverains, mais d'aménagement du territoire, de finances et dépenses d'argent public, d'agriculture, de lutte contre l'étalement urbain. Un vrai choix de société se joue à Notre-Dame-Des-Landes.
Enfin ce ne sont pas quelques bouts de toiture végétale, de panneaux solaires, de procédés labellisés HQE qui rendent la construction d'un aéroport compatible avec le développement durable. Rien ne justifie aujourd'hui qu'on détruise de façon irréversible en les bétonnant plus de 1 600 à 2 000 hectares de terres agricoles, on ne les récupérera jamais, les fermes et les emplois qui vont avec non plus alors que chacun reconnait aujourd'hui qu'il faut conserver des terres agricoles pour produire à proximité des villes.
A propos des emplois et d'Airbus, quelqu'un pourrait il nous expliquer la cohérence du président du conseil général de Loire-Atlantique qui déclare le mardi 8 février dans Ouest France "il faut garder une piste pour Airbus à Nantes" et le lundi suivant cosigne une tribune dans laquelle est écrit "la libération d'une centaine d'hectares sur le site de l'ancien aéroport va servir au renforcement du pôle Airbus" . Quel avenir pour l'usine Airbus de Nantes si on ferme la piste voisine de Nantes Atlantique ? Il se pourrait alors que l'A350 soit construit ailleurs. Comment croire un instant que l'espace libéré par la fermeture de Nantes Atlantique (géré par Vinci) va servir uniquement à renforcer le pôle Airbus et pas un peu la spéculation immobilière ?
Seul argument nouveau dans leur papier : Oslo mais ce n'est pas le bon exemple, la décision de le reconstruire a été prise en 1992, bien avant la crise mondiale, le peak oil, parce qu'ils avaient déjà plus de 10 millions de passagers pour une ville capitale et parce que la mer bloquait effectivement l'extension de l'aéroport.