Que pensez-vous de l'accord trouvé vendredi soir au sommet de Copenhague ?
Ce n'est pas complètement nul mais c'est très en-deçà de ce qu'on pouvait espérer. Il n'y a aucun élément contraignant, la manière décidée pour atteindre les objectifs est aléatoire et il n'a pas d'objectifs globaux. Il n'y a pas non plus de référence au Giec (Groupe d'experts intergouvernemental en évolution du climat, ndlr). Alors, je ne suis peut-être plus dans l'état catastrophique dans lequel j'étais vendredi après-midi quand on a tous cru que nous repartirions avec une simple déclaration de principes, mais je suis tout de même très déçue.
Comment qualifieriez-vous ce texte ?
Pour moi, ce texte n'a aucune existence juridique en droit international, ce n'est pas un traité, c'est un "accord" et cela ne veut rien dire. Je préfère parler de "document". Un objectif d'une réduction d'ici à 2050 de 50% des émissions de gaz à effet de serre (GES) était voulu mais cela a été refusé par certains pays. Or, une telle réduction ne serait pas suffisante: selon les experts, cela conduirait à une augmentation de la température mondiale de 3° C. Les trois annexes qui contiennent les différents objectifs de réduction d'émission des GES seront annoncées en janvier 2010. Selon ce que les différents pays ont indiqué au cours du sommet, on atteindra jamais le seuil des 2° C d'augmentation.
La gouvernance du sommet de Copenhague est-elle responsable de ce fiasco ?
Effectivement, il va falloir réfléchir à la gouvernance à mettre en place. Il faut dépasser le système onusien. Les décisions politiques fortes ont été prises par seulement huit chefs d'Etat. C'est un système qui ne peut plus fonctionner. Comme l'a expliqué Lula [le président brésilien, ndlr], on a vu des hommes d'affaires négocier, pas des hommes politiques. Il y a, dans le monde, des gens qui sont capables de menacer l'avenir de la planète simplement pour protéger leurs intérêts économiques ou géostratégiques. J'espère qu'il y aura un sentiment de révolte de la part de l'opinion publique mondiale. Nous pouvons dire qu'il faut désormais se prendre soi-même, les individus comme les entreprises, en main pour que les choses changent. On ne peut pas faire confiance aux chefs d'Etat. Seul un profond mouvement des peuples pourra imposer le changement.
Vivien Vergnaud - leJDD.fr
Samedi 19 Décembre 200
http://www.lejdd.fr/Ecologie/Climat/Actualite/Copenhague-On-ne-peut-pas-faire-confiance-aux-chefs-d-Etat-159130/