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"Une fois, voilà longtemps, le général Faim rencontra le général Hiver"

21 Novembre 2015 , Rédigé par Isabelle Loirat / Helen DUNMORE Publié dans #Lectures

Voici un extrait de "LA FAIM" de Helen DUNMORE (2003), titre original : THE SIEGE (2001).

Le combat d'une jeune femme russe pour sa survie et celle de sa famille dont un jeune frère de cinq ans pendant le terrible siège de Saint-Petersbourg (ex-Leningrad) qui dura deux ans et demi lors de la seconde guerre mondiale. 

 

"Parce qu'en dépit de l'horreur, subsiste l'espoir de vivre et d'aimer"

 

 

"Anna dort. Dans son rêve son père lui lit une histoire. Il a le livre ouvert ouvert sur son genou mais il ne lit pas vraiment, parce qu'il connaît l'histoire par coeur. C'est une histoire effrayante mais Anna ne veut pas qu'il arrête. Il s'agit d'une guerre arrivée il y a longtemps, dit son père, quand les Français ont envahi la Russie.

"Il y a combien de temps ?

- Oh, plus de cent ans, Anna. Tu l'apprendras en histoire un jour."

 

"Une fois, voilà longtemps, le général Faim rencontra le général Hiver. Le général Hiver, comme il se doit, était vêtu de neige. Ses doigts étaient des poignards de glace, et là où ses bottes frappaient la terre elles laissaient des empreintes noircies dans l'herbe. Quand il se penchait pour sentir une rose, son souffle la desséchait. Mais il aimait les roses, et les champs de blé ondulants, et les enfants nus, bronzés. Il les aimait tous parce qu'il avait pouvoir sur eux tous.

Le général Hiver, dans sa capote de neige, salua le général Faim comme tous les grands généraux se saluent, une fois qu'un assez grand nombre de leurs soldats sont morts et qu'ils peuvent ouvrir leurs négociations.

Le général Faim, de son côté, n'était pas comme on pourrait le penser. Il avait les joues roses, les cheveux plantés dru, des yeux brillants. Il était dans son élément. Les deux généraux s'assirent dans leurs fauteuils, plantèrent leurs hautes bottes cirées devant eux et se penchèrent l'un vers l'autre. Ils commencèrent à se vanter de ce qu'ils feraient à leurs ennemis.

"Voici ce dont je suis capable, dit le général Faim. Je peux m'arranger pour que leur peau s'écaille et craque au coin de leur bouche. Je fais apparaître des plaies sur leurs lèvres. Ils plissent les yeux pour accomoder, mais ils ne me voient jamais. Ils ne comprennent pas que c'est moi qui leur ai donné une mauvaise vue.

"D'habitude, je les réduis à des squelettes, mais à certains je joue un tour : je remplis leur corps d'un liquide qui les cloue au lit. Ce que je préfère, c'est un grand garçon, fort et bien musclé, de dix-huit ans, qui brûle la nourriture comme un fourneau. Vous devriez revenir le voir quand je lui ai tenu compagnie quelques semaines. Entre mes mains, il fond plus vite qu'une chandelle. Ses muscles dépérissent. Ses gros os ressortent. Je peux le transformer en vieillard, je peux rendre ses yeux faibles et larmoyants, je peux ébranler ses dents dans ses gencives jusqu'à ce qu'une croûte de pain les arrache. Personne ne se consume plus vite qu'un beau jeune homme en bonne santé.

"Je change les vieillards en enfants gémissants de faim, et je change les enfants de cinq ans en vieillards. Peu m'importe qu'ils soient jeunes ou vieux, laids ou beaux, je les rends tous pareils. J'ai vu une jolie jeune femme de vingt-cinq ans reculer devant son reflet dans le miroir après avoir vécu un mois ou deux avec moi.

"Si je ne peux pas les achever moi-même, je les prépare pour mes amis. Un petit rhume qui ne les garderait pas au lit une demi-journée devient vite fatal quand il les atteint après mon passage.

"Je leur dérobe leurs pensées. Je les prive de leurs sentiments. Je pénètre dans leur sang. Je suis plus proche d'eux qu'eux-mêmes ne le sont. Ils ne peuvent songer à personne d'autre.

"Mon cher cousin, vous devriez vous avouer vaincu.

- Très bien, dit le général Hiver en se grattant l'oreille d'un doigt de glace, mais maintenant écoutez de quoi je suis capable. Je cache la terre de sorte qu'ils ne peuvent voir une seule pousse de vert. Je fais redescendre la sève des arbres dans les racines. Ceux qui sont sans abri, je les traque. Je recouvre les routes de neige, je coupe les retraites, je bloque tout mouvement. Je veille à ce que rien ne pousse et rien ne prospère.

"S'ils laissent une main ou un pied découverts, je m'en empare. Je rends leur peau rouge et violette puis je la noircis. Je fais pourrir leur chair comme celle des navets quand le gel resserre son étau. Je les poursuis de vents, je les aveugle de blizzards. Je gèle les mers pour qu'ils ne puissent pas voyager, je souffle par les fentes de leurs fenêtres. Je les rends maladroits, pitoyables, inquiets. Je coupe leur approvisionnement en eau, je les prive de lumière. Je les fais patauger jusqu'à la taille dans la neige pour trouver une poignée de bois à brûler. Quand ils sont malades et sans défense, je me glisse dans leurs lits et je les berce jusqu'au sommeil éternel. J'envoie des tempêtes de vent et de glace. Je les noie dans la boue. Mon plus grand pouvoir, c'est que chaque année ils oublient ma force. L'été, quand ils se couchent sous les arbres baignés de lumière, ils ne croient pas en moi. Ils échafaudent leurs projets et ils me laissent en dehors. Mais j'ai déjà les miens, et les miens sont toujours les mêmes.

"Alors mon cousin, que serait la faim sans l'hiver ? Sans moi, ils pourraient manger les pousses vertes, pêcher des poissons dans les rivières. Sans moi, le soleil leur tiendrait chaud."

Le général Faim fronça les sourcils et croisa les bras. Son visage était assombri par la réflexion.

"Il y a une chose que nous n'avons pas mentionnée, ni vous ni moi", dit-il. Il jeta un coup d'oeil autour de lui mais personne n'écoutait. Les deux généraux se rapprochèrent, leurs têtes se touchaient presque.

"Sans l'aide qu'ils nous donnent, nous ne pourrions rien faire, chuchota un général à l'autre.

- Oui, c'est vrai, sans eux..."

Les deux généraux pensaient aux armées rassemblées pour effectuer leur travail à leur place. Le général Faim sourit et se claqua les cuisses de ses paumes charnues.

"Unissons nos forces ! dit-il. Ce qui échappera à l'un, l'autre pourra s'en occuper. Ensemble, nous serons invincibles."

Et les deux généraux cessèrent de batailler. Les négociations étaient closes. Depuis ce temps, ils ont toujours travaillé ensemble."

 

LA FAIM de Helen DUNMORE (2003). Titre original : THE SIEGE (2001)

 

"Brouillon" de novembre 2015 publié le 6 Mai 2020

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Chronique dédiée à celles qui ne la liront pas (et à Mme de Lafayette)

3 Juin 2009 , Rédigé par Isabelle Loirat Publié dans #Lectures

par Sylvie Goulard, tête de liste MoDem dans l'Ouest aux Européennes 2009. Elle écrit chaque jour une chronique inspirée de la campagne. Voici celle d'aujourd'hui dédiée à l'auteur de la Princesse de Clèves. Retrouver les chroniques de Sylvie Goulard chaque jour sur son blog.
 


Chroniques européennes du large N°28
3 juin 2009


Chronique dédiée à celles qui ne la liront pas (et à Mme de Lafayette)

Cette chronique est dédiée à Indu, Françoise et Samira que j’ai rencontrées dans un atelier d’insertion poitevin où elles réapprennent à lire et à écrire. Femmes isolées dans leur désert sans mots. Femmes perdues à l’arrêt d’autobus, à la sécurité sociale et même à la maison, quand les enfants rapportent leurs cahiers. Femmes privées de travail et de l’échappée belle des livres. Femmes laissées par l’école sur les rivages du savoir élémentaire. Femmes courageuses, résolues à s’en sortir.

Selon le Président de la République, il serait vain d’enseigner La Princesse de Clèves. Mais le scandale n’est pas que l’école interroge sur La Princesse de Clèves des enfants dont le niveau de français est si bas qu’ils ne peuvent pas la comprendre. Le scandale, c’est qu’on puisse sortir de l’école, en France, en 2009, avec un tel niveau. Ou qu’on puisse vivre dans notre pays, depuis des années, sans avoir jamais appris le français, sans être jamais sorti d’une banlieue où il n’y a plus ni vie sociale, ni accès à la culture. Le scandale, c’est d’oublier que la mère d’Albert Camus ne savait pas lire non plus. Autrefois, l’école de la République faisait connaître à des enfants démunis les chefs d’œuvre que leur entourage ignorait.

En Pays de Loire, des personnes en charge de jeunesse m’ont elles aussi adressé un message d’alarme : trop d’enfants, trop de jeunes sortent de l’école sans qualification. Ces témoignages corroborent les chiffres européens : les jeunes français quittent l’école moins qualifiés que les jeunes allemands ou danois, moins bien armés pour affronter la mondialisation. Ils ont du mal à démarrer dans la vie, à s’installer. Bien sûr, la solidarité familiale joue : quand ils le peuvent, les aînés viennent en aide aux jeunes, tout comme ces « parrains » bénévoles qu’ont mis en place plusieurs associations. Mais, dans son ensemble, la société française continue de gâcher son avenir. Tout en se flattant d’une démographie supérieure à celle d’autres pays d’Europe, elle gaspille bien des talents.

L’une des mes convictions les plus profondes c’est que, dans un monde qui change vite, il faut donner à chacun une éducation aussi exigeante que possible. Apprendre à lire et écrire, recevoir une formation en prise avec le monde, apprendre la langue française quand on est étranger, c’est avoir plus de chances de travailler mais aussi de s’épanouir, de goûter ce qui est beau. Les grandes œuvres d’art n’appartiennent pas à l’élite. Les plus pauvres sont peut-être ceux qui en ont le plus besoin. Plus encore que les autres, les enfants défavorisés doivent en entendre parler à l’école car ce n’est pas à la maison qu’ils auront une chance de les découvrir. Et plus on est enfermé dans un milieu étroit, plus on se débat contre le manque de moyens matériels, plus le livre peut être un moyen de s’évader, de mettre en valeur des talents insoupçonnés, d’enrichir sa vision du monde.

La Princesse de Clèves est toujours jeune, qui parle de jalousie et de passion. Sa langue surannée, ses imparfaits du subjonctif nous déroutent mais elle nous dit beaucoup de choses : mieux qu’un texte contemporain, ce roman permet de sentir ce qui, par delà les âges et les barrières, par delà les préjugés, est le propre de l’homme. Et, sans doute, en Allemagne, « Les souffrances du jeune Werther », en Italie « La divine Comédie » ou en Angleterre « Le songe d’une nuit d’été » jouent-ils le même rôle de pont entre les générations. Ce ne sont pas des « vieilleries » à remiser au grenier, c’est le patrimoine commun des Européens, c’est un trésor à partager.

« Nous voulons une Europe culturelle. Instauration de la TVA à 5,5% sur les produits culturels » dit un tract de campagne de l’UMP. Le raccourci entre culture et consommation me met mal à l’aise. La culture, ce ne sont pas que des « produits ». Visiblement, ceux qui l’ont rédigé n’ont pas lu un bouquin depuis longtemps. Ils auraient su que, sur ces « produits » là, la TVA est déjà à 5,5 %, tout comme sur les spectacles de variété, de cirque, de théâtre, les droits d’entrée dans les musées, les expositions, les places de cinémas et les services de télévision*.

Je préfère une Europe cultivée, qui ne soit pas seulement celle des marchands de culture et des parcs de loisirs mais celle du savoir respecté, partagé et ouvert sur les autres Européens.


Sylvie Goulard


* Code Général des Impôts, articles 278 bis et 279. Le disque en revanche est au taux normal.


Pour lire les chroniques de Sylvie Goulard

La liste MoDem est créditée d'un score de 16 % dans un sondage BVA pour la PQR publié ce matin.

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"Abus de pouvoir" : pourquoi j'ai aimé le livre de François Bayrou ?

23 Mai 2009 , Rédigé par Isabelle Loirat Publié dans #Lectures

 

Je viens d'en achever la lecture et j'ai envie de partager avec vous quelques-uns des passages que j'ai vraiment aimés. 


Tout d'abord on peut se demander pourquoi François Bayrou fait un tabac avec ce livre ?


Afficher l'image en taille réelleSans aucun doute, parce que, malgré le "bougisme" de la cible, le "chasseur démocratique, le poursuivant civique"  (voir page 186) vise le plus souvent très juste, et tel le médecin, il appuie là où ça fait mal !




Un exemple ? "L'information de la veille est déjà vieille"... Ainsi passent les vacances présidentielles, les limogeages présidentiels, les altercations présidentielles, les infractions présidentielles à la loi, l'une chassant l'autre." (page 185, chapître X : Les médias sous influence (page 169), "Il est une idéologie souterraine de la distraction du citoyen, à coup de peopolisation, pour que, surtout, il ne puisse s'intéresser à la réalité des décisions que l'on prend en son nom."  (page 15)

Au moment où je lisais ces lignes,  BFM TV, comme pour illustrer cette vérité, diffusait dans son journal un reportage sur une interview de Carla Bruni à Femme Actuelle, avec le couple présidentiel et leurs chiens émoustillés par le printemps. Ah ben ça, c'est une info importante "mon pote"
Des infos à 2 balles pour mieux distraire notre vigilance citoyenne et détourner ainsi notre attention de l'essentiel.


Mais  le passage que je préfère est celui où François Bayrou décrit le président Sarkozy  comme "l'enfant barbare " aux  "commandes de la belle pelle mécanique rutilante. Assis au volant, il fait vrombir le moteur, marche avant, marche arrière, il manoeuvre dans la maison, il joue avec le bras articulé. Et il déracine l'un après l'autre, ou il ébranle, les piliers qui font tenir la maison debout " (page 58)


"Il est enfant barbare en ce qu'il se croit tout-puissant, qu'il imagine que le monde commence avec lui et qu'il est à sa main"...  
(
page 57, chapitre l'Hyper)


J'aime aussi quand il en appelle à "la résistance des citoyens, à "l'obstination civique", "cet archipel de résistances qui va gagner"  au "chasseur démocratique" , "la grande coopérative civique" (pages 19, 20, 186, 189)

Sur la fonction présidentielle, j'ai retenu ce passage (page 54)
"
Il  [ le peuple de France ] n'a pas besoin de surhommes : il a besoin, dans cette fonction, de gens normaux, sages si possible, qui soient capables de penser non pas plus vite que les autres, en battant le record du monde du nombre de discours, de dossiers, soi-disant étudiés et tranchés dans la même journée, pas plus vite, mais plus profond.
Une présidente ou un président qui voie un peu plus loin que le bout de son nez, que le prochain Vingt Heures, que le prochain sondage et qui de surcroît - passez moi l'expression - parfois lui fiche la paix. Qui le laisse vivre, respirer, réfléchir et se forger une opinion sans qu'on lui en assène une, toute faite, dans l'excitation d'un discours de plus. Il n'a pas besoin d'un hyper-président, comme dit l'autre qui s'en glorifie. Il a besoin d'un président de confiance, non pas excité tous les jours, mais tous les jours attentif. Attentif aux temps, aux hommes, aux temps et aux signes des temps."

Il était bon que François Bayrou rappelle que " l'attitude de la France présidée par Jacques Chirac dans la période qui a précédé la guerre en Irak a porté notre pays, et tous les citoyens qui le forment à une unanimité, à une affirmation nationale sans précédent."

Et quand je lis que pour François Bayrou, il y a des "tarmacs d'aéroports" qui ne passent pas, je ne puis m'empêcher de penser au dossier NDDL... 

A fortiori lorsqu'il souligne que n'accordant "aucun crédit à l'histoire des armes de destruction massive qui servait de prétexte à l'attaque" il a "demandé qu'on auditionne les experts" comme nous le faisons ici avec les auditions des alternatives et contre-projets à NDDL.

Comment ne pas être d'accord avec lui lorsqu'il dénonce "une entreprise de confiscation de l'information en France, visant au contrôle des esprits et de l'opinion publique" 

" Il s'agit une fois pour toutes de débarasser les pouvoirs de la crainte qui les hantaient depuis des décennies : la crainte de l'enquête, l'emmerdeur qui va débusquer ce qu'on voulait cacher, le révéler au citoyen pour que sa réflexion mûrisse, et que l'indignation civique se construise, empêchant l'abus de se perpétuer."

Cela ne vous fait pas penser à quelqu'un ?
Mais si bien sûr ! Bernard Fourage, il est le seul citoyen à faire ce qu'il fait, tout ce travail au long cours d'enquête, d'étude et de recours.

Chapeau bas aussi pour le courage d'écrire les lignes suivantes à propos d'un sujet aussi chaud que redoutable : le nucléaire.

"Plus important : tout le monde pressent ce que vont être les grandes manoeuvres, prévisibles depuis longtemps, autour de la prise de contrôle, par Alstom interposé, du secteur du nucléaire civil en France. Le secteur le plus sensible, développé avec l'investissement de l'Etat et l'argent du contribuable, tombant sous le contrôle d'un seul groupe, aussi ouvertement connivent avec le président de la République, et aussi important dans les médias" (page 178, il s'agit de Bouygues et TF1). 

"Il est un dossier industriel qu'il faut surveiller, qui bout depuis des mois et des mois, qui peut constituer le môle central du réseau que je crains de voir naître. C'est le nucléaire civil, c'est Areva. Mesure-t-on ce que pourrait représenter pour l'équilibre démocratique et économique du pays la constitution d'un pôle qui réunirait Areva, Alstom, Bouygues, avec l'influence dans les médias que représenterait la propriété de TF1 ?
"Si le pouvoir passe à l'acte dans cette immense affaire, il faudra mener le combat : non plus le combat de citoyens.D'abord parce que le nucléaire civil en France, ce n'est pas leur affaire, c'est la nôtre...C'est la puissance publique qui l'a voulu, qui l'a construit. De ses mains, ou plutôt des nôtres. Nous sommes contribuables, nous comme usagers d'EDF, et payant la facture, nous comme électeurs. Ils n'ont pas le droit d'en faire une affaire privée, une affaire patrimoniale"


 

 


 

 

François Bayrou sait aussi reconnaître qu'il s'est parfois trompé, par exemple à propos de la loi Falloux et de la grande manif lorsqu'il était Ministre de l'Education (page 173) "j'étais le premier, sinon le seul responsable de ce qui m'arriva. J'avais voulu passer en force...J'avais bien mérité ce qui arriva,...j'avais sous estimé la portée symbolique".

Je terminerai par " Le premier des principes à reconquérir est la séparation des pouvoirs" (page 254, Il existe un autre chemin).

A méditer.
Je vous invite à lire "Abus de pouvoir" pour vous faire une idée par vous-même, plutôt que ce qu'en diront les " gratinés du fond du panier UMPS"
 

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C'est l'Union qu'on assassine, par Sylvie Goulard

30 Avril 2009 Publié dans #Lectures



LE MONDE | 30.04.09 | 13h03  •  Mis à jour le 30.04.09 | 13h03

C'est l'Union qu'on assassine, par Sylvie Goulard

> Inconscient ou délibéré, un travail de sape est à l'oeuvre sous nos yeux. En dépit de beaux discours affirmant que, dans la crise, l'union est indispensable, la plupart des gouvernements de l'UE galvaudent l'élection du Parlement européen. Non seulement ils ne cherchent guère à mobiliser les électeurs, mais, en coulisse, ils veillent à s'assurer que le huis clos diplomatique l'emportera encore une fois sur la démocratie au grand jour. Aux questions les plus simples des électeurs, aucune réponse claire n'est apportée. La France ne fait pas exception.
>
> Pourquoi vote-t-on ? Nul ne l'explique. Aucune campagne civique de grande ampleur sur la date du scrutin, ses modalités et les compétences du Parlement n'a été lancée. L'Europe, qui a la chance d'être dotée du seul Parlement supranational élu au suffrage universel direct au monde, ne souffre pas de "déficit démocratique".
>
> Un travail législatif concret y est mené, visant, par exemple, à renforcer la protection contre les produits chimiques nocifs ou à limiter la durée du travail. Mais l'ignorance est entretenue par une Commission distante et une classe politique nationale, dont l'horizon, à de rares exceptions, n'est pas européen.
>
> Alors nos dirigeants font diversion, agitant de nouveau le spectre de l'insécurité ou jouant au petit jeu des excuses mutuelles. Tout est bon pour détourner l'attention des sujets qui sont au coeur des enjeux européens : emploi, environnement, relations avec le reste du monde, développement de la planète.
>
> Pour qui vote-t-on ? Le choix des candidats, souvent opaque, est rarement objectif. Dans les entreprises, les ateliers, les facultés, chacun est censé se former pour prétendre occuper une fonction. Rien de tel pour aller au Parlement européen, qui reste un moyen idéal de recycler les figures déchues ou de récompenser ses petits amis.
>
> A quarante jours du vote, l'UMP n'a pas encore daigné faire connaître ses listes aux électeurs. Après Olivier Duhamel, en 2004, le PS a évincé cette année Gilles Savary, l'un de ses meilleurs députés européens. Qu'un député ait été présent, travailleur, qu'il ait acquis l'expérience qui aurait permis à la France d'obtenir une présidence de commission parlementaire, peu importe.
>
> Sans parler des souverainistes, qui prétendent défendre l'intérêt national mais désertent les lieux où il se joue. Leur acharnement sur des sujets mineurs (comme l'intendance du Parlement) n'a d'égal que leur manque d'implication sur les dossiers lourds. C'est assez pitoyable.
>
> Pour changer quoi ? C'est sur ce point que les dernières manigances des gouvernements, avec la complicité de responsables du Parlement sortant, sont les plus désastreuses. Les électeurs seront motivés pour aller voter quand leur choix entraînera un changement de cap politique, incarné par de nouveaux responsables.
>
> DÉNI DE DÉMOCRATIE
> Les gouvernements européens semblaient l'avoir compris, qui, dans le traité de Lisbonne, ont décidé à l'unanimité que le Parlement élirait le président de la Commission. Même si ce texte n'est pas encore ratifié, rien n'aurait empêché d'en appliquer l'esprit, plus démocratique.
>
> Le mandat de la Commission Barroso expire fin 2009. Laissons les députés élus en juin décider s'il doit être reconduit, en évaluant son projet publiquement, par rapport à celui d'autres candidats. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas à être d'anciens membres du club des chefs d'Etat et de gouvernement !
>
> Cette condition non écrite - qui nous aurait privés de Jacques Delors - n'a été ajoutée par les intéressés que pour mieux verrouiller la cooptation. Or les deux partis qui dominent l'échiquier européen le PPE (auquel appartient l'UMP) et le PSE (dont fait partie le PS), cherchent à reconduire M. Barroso sans débat, dès le mois de juin. C'est purement et simplement un déni de démocratie.
>
> La présidence française a entretenu une illusion : celle d'un intérêt et d'un respect nouveaux pour l'Europe. L'intérêt a été de courte durée, tant que les projecteurs étaient tournés vers Paris. Quant au respect des électeurs et des partenaires européens, on le cherche en vain dans ces décisions peu responsables.
>
> Vis-à-vis des générations qui nous ont légué l'Europe unie, comme vis-à-vis de nos enfants, nous devons considérer l'élection du Parlement européen comme le moment-clé de la vie démocratique européenne et y envoyer des candidats sérieux.
> Sylvie Goulard est candidate MoDem, circonscription Ouest.

Lire l'article sur le site du Monde.fr
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Très bientôt chez vos libraires : "Vivre autrement"

20 Mars 2009 , Rédigé par Isabelle Loirat Publié dans #Lectures

Le nouveau livre de Corinne Lepage (essai) sortira dans une dizaine de jours.

Docteur d'Etat en droit, Corinne Lepage a été ministre de l'Environnement de 1995 à 1997. Elle est aujourd'hui présidente de Cap 21 et vice-présidente du MoDem Avocate, elle a plaidé de nombreuses affaires liées à l'écologie, dont celle de l'Amoco Cadiz et de l'Erika. Elle a publié une douzaine d'ouvrages dont On ne peut rien faire, madame le Ministre (Albin Michel).



" La crise économique et financière est une chance historique unique de changer notre système et de répondre simultanément à toutes les crises : énergétique, écologique, alimentaire, démocratique.
Nous sommes à la croisée des chemins. Des forces extrêmement puissantes s'exercent pour que nous retournions au système antérieur avec un modèle de production et de consommation qui non seulement ne résoudrait rien mais ne ferait qu'accroître les crises présentes et à venir.
Nous pouvons également changer de monde. C'est ce que propose ce livre.
Les technologies, l'évolution des mentalités, l'évolution dans la représentation de ce qui nous parait souhaitable et désirable, le permettent. A nous d'accepter de penser et de décider autrement.
Il nous faut imaginer le fonctionnement d'une économie réellement soutenable, sobre et reposant sur une création de " mieux-être " et non de " plus-avoir ", dans laquelle la finance retrouve sa fonction originaire de financement de l'économie réelle, et qui repose sur la réduction des besoins en matières premières et énergies non renouvelables et sur un usage économe du sol. Le travail, la ville, l'alimentation, la mobilité, la connaissance trouvent de nouveaux modèles.

Notre génération a la chance historique de pouvoir changer le monde. Le voudra-t-elle ? "


Bonne lecture à vous tous.
Isabelle
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