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L'urbanisation de L'Aiguillon et de La Faute-sur-Mer est mise en accusation

9 Mars 2010 Publié dans #Habitat Urbanisme

08/03/2010 17:57   logo-La-Croix.jpg



À partir des années 1950, les anciennes terres agricoles proches du littoral ont peu à peu été transformées en zones de construction.

Il y a un peu plus de cinquante ans, les stations balnéaires de L’Aiguillon et de La Faute-sur-Mer, dévastées dans la nuit du
27 au 28 février, présentaient un tout autre visage : celui de deux bourgs ruraux entourés de terres agricoles. La Faute-sur-Mer, ancien hameau de la commune voisine de La Tranche-sur-Mer, n’a pris son indépendance qu’en 1953. « La commune a été bâtie sur un cordon littoral sableux récent, qui s’est étendu sur plusieurs kilomètres », rappelle Jean Renard, professeur émérite de géographie à l’université de Nantes et spécialiste du littoral vendéen.

Hors des bourgs, où les habitants vivaient à bonne distance de la mer, « les alentours n’étaient pas construits », souligne Jean Renard. Les terres agricoles, régulièrement inondées durant le Moyen Âge, ont peu à peu été protégées par des digues. « Les paysans craignaient beaucoup les raz de marée qui survenaient tous les dix, quinze ou vingt ans », raconte le géographe.
Le développement du tourisme après la guerre a conduit à transformer les terres agricoles proches du littoral en zones constructibles. Un véritable « jackpot » pour les propriétaires fonciers, « puisque ces terrains valaient cent fois plus », souligne Jean Renard. À L’Aiguillon-sur-Mer, les terres appelées « communales », parce que propriétés collectives de la commune, utilisées par les agriculteurs, ont été vendues à des promoteurs pour construire un lotissement. À La Faute, les champs creusés dans le sable, appelés les « conches », ont progressivement disparu pour laisser place à des maisons d’habitation.

Une urbanisation encouragée par l’évolution sociologique des élus locaux


Pour le géographe, cette urbanisation du littoral a été encouragée par l’évolution sociologique des élus locaux. « Les municipalités étaient autrefois dirigées par des paysans qui défendaient leurs terres. Ils ont été remplacés par des commerçants, des artisans, des promoteurs fonciers ou des propriétaires qui avaient d’autres intérêts. »

D’après l’Observatoire du littoral, en 2006, 35 % des sols de La Faute-sur-Mer étaient « artificialisés », c’est-à-dire construits, contre 5 % en moyenne pour l’ensemble des départements littoraux. Les terres agricoles ne représentaient que 12,4 % du territoire contre 58,6 % en moyenne ailleurs. De son côté, L’Aiguillon-sur-Mer possédait 21,7 % de terres « artificialisées » et 55,7 % de terres agricoles.

La part des résidences secondaires dans ces deux communes est bien plus élevée que la moyenne : 76,9 % à La Faute-sur-Mer et 36,2 % à L’Aiguillon en 2005, contre 5,3 % au niveau national. L’hiver, on dénombre respectivement 1 200 et 2 500 habitants à La Faute et à L’Aiguillon contre 40 000 et 10 000 durant l’été.

Le profil des habitants ? « Des gens qui ont découvert le site en vacances, qui sont ensuite venus avec leurs enfants en camping et qui ont acheté un terrain pour construire une maison au moment de leur retraite », décrit à gros traits Jean Renard. Les logements sont en majorité des maisons de plain-pied, « conseillées dans les documents d’urbanisme pour respecter le style vendéen », note Jean Renard, qui constate que dans la vallée de la Loire, très soumise aux risques d’inondation, les maisons ont été construites sur pilotis ou avec un étage.

 

La cuvette de La Faute-sur-Mer pourrait redevenir un parc végétal

La faible prise en compte des risques d’inondation lors de l’attribution des permis de construire fait aujourd’hui polémique, alors qu’un ingénieur de la direction départementale de l’équipement (DDE) rappelait, en 2008, que « la vulnérabilité du littoral vendéen aux submersions marines ne fait aucun doute », précisément dans l’estuaire du Lay, où se trouvent L’Aiguillon et La Faute. Les plans de prévention des risques d’inondation (PPRI), mis en place en 2007 dans ces communes, sont édifiants. Sur les cartographies, les zones rouges et bleues, inconstructibles ou constructibles sous conditions, recouvrent une large part du territoire.

Pour Philippe de Villiers, président du conseil général de Vendée, il faut mettre fin à « l’urbanisation galopante du littoral ». Il demande que la « cuvette de La Faute-sur-Mer, épicentre de la tragédie », soit « immédiatement restituée à sa vocation naturelle de marais, de parc végétal ». Ce qui passe par une indemnisation, « par les promoteurs immobiliers », des familles sinistrées qui vont perdre leurs maisons. Il souhaite également, dans une interview donnée hier au quotidien Le Parisien, que la délivrance des permis de construire soit dévolue aux départements et non plus aux maires, « qui n’ont pas la capacité de résistance aux pressions spéculatives ».

Maire de La Tranche-sur-Mer, également en Vendée, Serge Kubryk dit, lui, résister régulièrement à ces pressions de « promoteurs qui voient dans la côte un eldorado » ou d’habitants souhaitant vivre plus près de la mer. Mais il se refuse à incriminer la seule responsabilité des élus dans la situation actuelle. « C’est une chaîne de responsabilités qui implique les propriétaires, les promoteurs, les maires et l’État, estime-t-il. Un maire ne peut pas accorder de permis de construire si l’État ne donne pas son feu vert. »
Sollicités par La Croix, les maires de L’Aiguillon et de La Faute, ainsi que le préfet de Vendée n’ont pas pu ou pas souhaité s’exprimer.

Florence PAGNEUX, à Nantes

http://www.la-croix.com/L-urbanisation-de-L-Aiguillon-et-de-La-Faute-sur-Merest-mise/article/2417406/4076
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I
"Les élus veulent changer le nom de la commune" Ouest France Lundi 9 Juin 2014.<br /> "Le nom de La Faute-sur-Mer est désormais lié à une catastrophe depuis que la tempête Xynthia a fait 29 morts dans la commune en février 2010. La nouvelle municipalité veut opter pour le nom de La<br /> Faute-sur-Mer-la Presqu'île. Le conseil municipal s'est prononcé vendredi pour ce changement par 9 voix pour et 6 abstentions. Cela répond à un double objectif, a justifié la majorité municipale :<br /> "Assumer aujourd'hui le drame d'un territoire fragile et porter demain le message d'un territoire remarquable et rare, une presqu'île sur l'océan." L'opposition aurait souhaité que cette<br /> proposition fasse l'objet d'un référendum local. Les procédures en vue d'aboutir à ce changement de nom vont pouvoir être engagées." Ouest France 09 06 2014
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<br /> <br /> un changement de nom qui n'en est pas vraiment un et qui ne change rien à l'essentiel<br /> <br /> <br /> <br />